ROYAL
Auteur, Compositeur et interprète, mon univers est éclectique et profondément encré dans mes racines.
ROYAL
Je suis né à Brazzaville au Congo, et bien que je sois arrivé en
France assez tôt c’est à dire l’âge de 4 ans, je me souviens du
nom de la rue où j’ai passée mes premières années. Il s’agit en
fait d’une avenue pour être plus précis, l’avenue Mabiala Ma
Nganga en terre Sundi à Brazzaville.
Les noms ont toujours eu beaucoup d’importance dans la
culture Kongo, ils peuvent être une bénédiction ou
une malédiction, cela dépend le plus souvent des actes de
ceux qui ont rendu ce nom célèbre.
Récemment, après avoir fini l’enregistrement de ce projet,
je me suis retrouvé dans une impasse. J’avais
beau réécouter chaque piste du projet, je n’arrivais pas à
donner un nom à cet oeuvre, or, si on ne nomme pas une
chose, il est difficile que cette chose vienne à l’existence. C’est
la loi de la nature.
Au bout de quelques semaines, j’ai été habité par une dernière
inspiration, un dernier morceau, le son de la fin. En réécoutant
tout l’album après cela, je me suis senti à la maison, comme si
mes racines s’imposaient à moi.
C’est à ce moment que le nom de l’avenue Mabiala Ma Nganga
m’est revenu en mémoire comme un signe.
Instinctivement, j’ai voulu savoir qui était l’homme derrière le
nom, car un homme dont une avenue porte le nom est
forcément important. Et effectivement Mabiala est un véritable
personnage, un résistant, voir un révolutionnaire. Je ne vais
pas vous raconter toute sa biographie ici (parce que j’espère
que vous ferez vos recherches), je me contenterai de reprendre
les mots de Hughes Brieux Ekouelembaki concernant l’histoire
de Mabiala Ma Nganga :
« La lecture de cette histoire fait naître une controverse, à
propos des raisons qui ont motivé la révolte de Mabiala ma
Nganga. Il est parfois décrit comme un vulgaire bandit, qui en
voulait simplement aux marchandises transportées par
l'expédition de Baratier et Marchand, ou encore comme un vrai
résistant, soucieux de protéger les siens contre ce qu'il
qualifiait d'agression étrangère. Il sera très difficile de trancher
sur ce débat, tant les éléments disponibles à même de
permettre une analyse sont insuffisants. Toutefois, cela
n'empêche de considérer la bravoure d'un homme, qui a su
mener les siens contre ceux que l'histoire qualifie désormais de pillards,
de colonialistes, venus garantir des intérêts loin d'êtres
humanistes. Il est pour ceux qui l'ont étudié, ceux qui ont
entretenu sa mémoire, la preuve que même sans ressource,
l'on peut parvenir à trouver un idéal commun et le défendre
jusqu'au bout; il est aussi l'illustration du fait que la trahison est
la première condition qui détermine véritablement l'échec. Qu'il
fusse pillard (et Robin des Bois ?) ou simplement anticolonialiste,
nous avons le droit de nous approprier son histoire
comme repère et trace de notre refus de vivre sous l’emprise
d’une quelconque autre nation, d’un quelconque pouvoir
tyrannique, ou de toute autre force politique ou sociale qui ne
garantisse pas nos intérêts les plus fondamentaux.
Si les jeunes congolais que nous sommes étaient à même de
réfléchir sur ce ruban de notre histoire, développer ce qui n'est
ici qu'une bribe, pour reconstituer les véritables scènes qui se
sont déroulées lors de ces conflits, il est sûr que nous
trouverions matière à être fiers de nous, et à espérer qu'une
véritable nation prenne naissance, sur les cendres de ces
désormais Héros de la mémoire collective. »
En ce qui me concerne, je trouve que cela est tout à fait l’état
d’esprit de cet album, et même de tout mon projet d'entrepreneuriat,
renouer avec soi-même, retrouver de la
fierté d’être un fils de Kongo, un fils d’Aethiopia.
En conclusion, « Mwana Nzambi » s’avère être le titre parfait,
Parce que ce que fût Mon ancêtre Mabiala Ma Nganga,
André Grenar Matswa et tant d'autres,
est une état d'esprit dans lequel je m'inscrit,
encore plus actuellement. Mes ancêtres étaient Nzambi,
c'est ce que m'a rapellé Mabiala Ma Nganga et si
ce projet parvient à inspirer ne serait ce qu’une seule personne,
dans le contexte actuel des choses, alors je considérerai avoir
réussi mon oeuvre.
Dhavvilah.